Mai 68 vu par le gros bout de la lorgnette
J'étais à Paris en mai 68. Enfin presque....A l'époque je travaillais à Paris, mais étant en Week-end au Havre, je n'ai jamais pu repartir, et ce pendant trois semaines, pas de moyen de transport : ni train, ni car, ni voiture faute de carburant.
Comme j'étais dans la "Fonction Publique", il me fallait donc aller signer plusieurs fois par semaine, un registre à la gendarmerie, celle-ci attestait ensuite de ma bonne foi quant à mon incapacité à regagner Paris.
Les collègues qui faisaient grève jetaient des pièces de 1 centime aux collègues qui allaient au travail.
Quand les trains ont remarché, il a fallu plusieurs heures pour faire le trajet Le Havre-Paris avec de nombreux arrêts hors gares. Arrivée à Paris fort tard, plus de métro, qui eux aussi recommençaient à peine à circuler. et pas de taxi. Si j'étais arrivée de jour j'aurais fait de la marche à pieds, mais Paris la nuit.... donc obligation de dormir à l'hôtel afin de prendre le premier métro. Le lendemain matin, c'étaient la ruée dans les couloirs du métro à Saint Lazarre.
Quelques jours plus tard nous sommes allées, mes copines et moi, voir le "théâtre" des manifs, là où les combats avaient été les plus violents. Les rues étaient "dépavées" et les vitrines brisées, et les traces des barricades subsistaient.
Ce mois de mai avait été splendide au Havre et je dois avouer à ma courte honte que c'est toute bronzée et fière de l'être, que J'ai regagné la capitale......
En 1968, mon salaire mensuel à Paris était à peu près de 600 francs, même un peu moins et la chambre meublée, au mois, revenait à 400 francs... Il fallait donc la partager avec une copine, pour pouvoir finir le mois à peu près convenablement. Ce qui était très rare, surtout quand on est jeune et à Paris ! Les terrasses des cafés et autres sorties venaient à bout de nos derniers francs......