Bonjour,
Je fais des recherches sur une infirmière anglaise, Helen C. Sutherland, qui a travaillé au Cercle Franklin pendant la Grande Guerre. On y avait installé un hôpital auxiliaire tenu par l'Association des Dames Françaises, une branche de la Croix Rouge Française me semble-t-il, lequel avait pu recevoir l'aide du comité anglais constitué sous le nom de "French Red Cross". Tout cela était compliqué, les organismes qui assistaient les armées étant multiples.
Mais en réalité, l'épisode du Cercle Franklin auquel Mlle Sutherland a participé est à situer dans la dernière année de la guerre et sous une toute autre bannière, celle de l'American Red Cross.
Je me glisse donc modestement dans cette file de spécialistes pour le relater.
A l'entrée en guerre des États Unis, le 6 avril 1917, il fallait réunir une armée, l'équiper, la transporter et l'entrainer. Il était évident qu'aucune aide militaire décisive ne pourrait être apportée avant plusieurs mois voire même une année. Pour agir immédiatement le gouvernement américain a donc décidé d'utiliser tous les moyens. Dès juin 1917, le conseil de guerre de l'American Red Cross a envoyé une Mission en Europe. Pendant la traversée, celle-ci a appris qu'elle passait sous les ordres directs du Général Pershing lui même en route pour l'Angleterre et qu'elle était militarisée.
Sur le paquebot La Touraine de la Compagnie Générale Transatlantique, parti le 2 juin 1917, le chef de mission, le major Grayson Murphy, ancien de West Point reconverti en banquier à Wall Street, a défini les règles de leur intervention : toujours se placer sous les autorités locales, maîtriser l'ensemble des opérations depuis les achats, le transport, le personnel, jusqu'à la distribution, et faire preuve d'humilité envers ceux qui ont déjà de l'expérience par la force des choses, et la population en général. Au cours de leurs explorations en France des membres de la Mission ont constaté les besoins particulièrement urgents du gouvernement belge et de sa population dont une petite partie vivait encore sur le front de la "Belgique Libre" au nord de Dunkerque. Très vite ils ont été constitués en un groupe autonome qui a été envoyé au Havre.
Des discussions se sont engagées avec le gouvernement belge au Havre sous l'autorité duquel l'American Red Cross s'est alors placée. Il a été décidé que l'effort porterait sur l'assistance aux femmes et aux enfants. Les Belges furent d'avis qu'il ne devait pas être fait de différence entre les Belges et les Français tant du fait de l'aide apportée par le gouvernement français que des souffrances de la population française qui devaient être également soulagées. Le soutien des autorités françaises fut alors acquis.
Voici quelques extraits d'un livre qui parle de la "Salle" Franklin.
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[p 47]
Le 1er janvier 1918, nous avions le Dr Park et Mlle Wilcox pour les soins des bébés, et ils ont été rejoints par Mlle Damon, en mars, une Américaine hawaïenne, dont la capacité de direction a fait bouger les choses à la Salle Franklin.
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[p179]
Le seul endroit disponible était la Salle Franklin, un bâtiment en briques de 110 pieds de long, 58 pieds de large et 3 étages de haut, situé sur un petit parc dans une partie très fréquentée du Havre. Il était occupé par un groupe de dames patriotes françaises très dévouées qui dirigeaient un hôpital militaire français, qui n'était plus nécessaire à l'époque, mais qui y étaient si attachées qu'elles ne voyaient pas le grand besoin où étaient les bébés. C'était dur pour elles mais un mot au gouvernement français a suffit. Des réparations ont été faites, le bâtiment a été peint et entièrement nettoyé. Le Dr. Park et Miss Wilcox, une Américaine infirmière d'Hawaï, arrivée le 15 janvier ont obtenu une infirmière belge parlant le français, le flamand et l'anglais, le 29 mars et ont commencé les visites de maison en maison. Ils ont emménagé dans la salle Franklin le 12 avril.
C'était une entreprise alliée. Sous la responsabilité des médecins et infirmières belges exclusivement, il y avait:
1. Une maternité et une consultation de maternité. Jusqu'au 31 décembre 1918, 224 naissances ont eu lieu dans l'établissement. Des cours de soins à domicile ont été dispensés.
2. La Pouponnière - comme les Belges l'appelaient - un refuge temporaire pour les petits enfants jusqu'à quatre ans dont les mères travaillaient à l'hôpital ou à d'autres endroits, trop gênées pour s'occuper des enfants. Ce fut surtout un grand service et une joie pour les mères en attente d'accouchement sous le même toit. Il comptait de 20 à 35 pensionnaires par mois.
Sous le Dr Park, il y a eu :
1. Commençant le 12 avril 1918, un dispensaire où les mères amenaient des bébés malades et des jeunes enfants.
2. À compter du 10 août 1918, une campagne contre la mortalité infantile dans le secteur densément peuplé du Havre connu sous le nom de Quartier Saint-François.
3. Ouverture le 28 septembre 1918 d'un hôpital en baraquement de 20 lits pour enfants.
4. La reprise des consultations infantiles dirigées par les Français dans quatre quartiers différents de la ville à l'automne 1918.
5. Une consultation pour les nourrissons normaux.
6. Une école de formation pour les aides-soignantes.
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[p182]
On devait fermer le 10 février 1919, céder l'hôpital de la baraque et l'équipement aux Belges pour être transporté en Belgique, remettre tous les autres travaux aux Français, payer toutes les factures et laisser deux médecins américains pour aider jusqu'au 1er mai 1919, au cours de ce qu'on a appelé une "période de transition" - et le 1er mai 1919, à mettre tout le fardeau sur une nouvelle organisation française, en partie municipale et en partie privée, appelée L'Union des Oeuvres de l'Enfance du Havre, laissant à cette époque une subvention de 25 000 francs, une infirmière qualifiée et une assistante sociale qualifiée.
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De nombreux enfants du Havre ont du recevoir les soins de la Croix Rouge Américaine dans ces années 1918-1919.
Si vous voulez approfondir la question car il y a d'autres parties du texte intéressantes, ce livre s'intitule :
The Little Corner Never Conquered: The Story Of The American Red Cross War Work For Belgium Il est possible de le télécharger gratuitement en pdf : ICI
Ceci ne me dit pas où travaillait l'infirmière Helen Christina Sutherland en octobre-novembre 1917.