1834 Naissance des jumeaux Charles Emile et Paul Léon Lefèvre
Poème de Victor Hugo gravé sur la tombe de Charles Emile Lefèvre, décédé le 6 novembre 1839, âgé de 4 ans et 10 mois et inhumé au cimetière du Prieuré de Graville
« Vieux lierres, frais gazon, herbe, roseaux, corolles,
Eglise où l’esprit voit le Dieu qu’il rêve ailleurs,
Mouches qui murmurez d’ineffables paroles,
A l’oreille du pâtre assoupi dans les fleurs,
Vents, flots, hymne orageux, chœur sans fin, voix sans nombre
Bois qui faites songer le passant sérieux,
Fruits qui tombez de l’arbre impénétrable et sombre,
Etoiles qui tombez du ciel mystérieux,
Oiseaux aux cris joyeux, vagues aux rumeurs profondes,
Froid lézard des vieux murs dans les lierres tapis,
Plaines qui répandez vos souffles sur les ondes,
Mer où la perle éclot, terre où germe l’épi,
Nature d’où tout sort, nature où tout retombe,
Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose effleurer
Ne faites pas de bruit autour de cette tombe
Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer »
Poème de Victor Hugo gravé sur la tombe de Paul Léon Lefèvre, décédé le 19 mai 1842 , âgé de 7 ans et 8 mois et inhumé au cimetière du Prieuré de Graville
« Il vivait, il jouait, riante créature,
Que te sert d’avoir pris cet enfant, ô nature !
N’as-tu pas les oiseaux peints de mille couleurs,
Les astres, les grands bois, le ciel bleu, l’onde amère ?
Que te sert d’avoir pris cet enfant à sa mère
Et de l’avoir caché sous les touffes de fleurs ?
Pour cet enfant de plus, tu n’es pas plus peuplée,
Tu n’es pas plus joyeuse, ô nature étoilée.
Et le cœur de la mère en proie aux tristes soins,
Ce cœur où toute joie engendre une torture,
Cet abîme aussi grand que toi-même, ô nature !
Est vide et désolé pour cet enfant de moins. »