A la naissance de ma fille il y a treize an j’ai commencé a faire ma généalogie. un grand oncle Leopold Elphege Doutreleau a interpellé mon attention. Cela avait l’air d’être une drole de gugusse.
Il est né le 18 mars 1843 à Saint-Léonard en Seine Maritime. Il s’embarque et parcourt le monde sur différents bateau en tant qu'electro mecanicien.
Je retrouve sa trace en Nouvelle Calédonie où il se marie en 1884 avec une riche héritière de confiseurs de Nouméa.
Néanmoins un contrat de mariage a été fait surement pour èviter que ce cher Léopold abuse de sa riche veuve puis on trouve la trace d’un divorce en 1906 par “contumace” en mention marginale de l'acte de mariage; Le mari ayant manifestement déserte le cocon familial.
Enfin je retrouve sa trace aux Nouvelles Hebrides dans une situation pour le moins cocasse.
En cherchant doutreleau sur google je tombe sur la transcription d'acte de justice des Nouvelles Hébrides dans la base de donnée de l’université de droit des Fidji. Les Nouvelles Hébrides avaient à l’époque une administration pour le moins curieuse. un condominion franco britanique avec pour departager le tout un gouverneur ( arbitre?) espagnol. Bonjour l’angoisse. Voici donc notre leopold condamné cinq fois pour traffic d’alcool avec les indigènes.
Voici un petit exemple
TRIBUNAL MIXTE DES NOUVELLES-HEBRIDES
AFFAIRE 360
AUDIENCE DE SIMPLE POLICE DU MARDI 4 DECEMBRE 1917
MINISTERE PUBLIC
Contre
DOUTRELEAU, Débitant, prévenu d'infraction à l'article 59 de la CONVENTION du 20 Octobre 1906.
L'an mil neuf cent dix-sept et le quatre Décembre, à 9 heures du matin,
Le Tribunal Mixte composé de M. M. T. G. BORGESIUS, Président p.i T. E. ROSEBY, Juge Britannique, J. MABILLE, Juge Français,
En présence de M. J. DE LEENER, Procureur p. i,
Assisté de M. Wilson LE COUTEUR, Greffier p.i tenant la plume,
Statuant en matière de simple police en premier et en dernier ressort,
Après en avoir délibéré conformément à la loi,
A rendu le jugement suivant;
LE TRIBUNAL MIXTE:
Oui la lecture des pièces du dossier,
Oui le Ministère Public en ses réquisitions,
Apres en avoir délibéré conformément à la loi,
Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier ressort,
Attendu que le contrevenant, quoique dûment cité, ne comparaît pas - en la forme, donne défaut contre lui,
Attendu que d'un procès-verbal dressé le 29 Octobre dernier par M. DELIGNY, Commissaire de police français, il résulte la preuve que M. DOUTRELEAU a, le 27 Octobre 1917, vendu deux verres de rhum a l'indigène ALBERT, de l'île MAU, près NOUNA, Employé au service de M. ROSEBY, Juge Britannique au Tribunal Mixte,
Attendu que ce fait ainsi établi constitue l'infraction prévue et punie par les articles 59 et 61 de la Convention du 20 Octobre 1906 ainsi conçus:
« ARTICLE 59 - A partir de la mise en vigueur de la présente Convention il sera interdit dans l'Archipel des Nouvelles-Hébrides.........de vendre ou de livrer aux indigènes de quelque façon et sous quelque prétexte que ce soit des boissons alcooliques............................................................ ».
« ARTICLE 61. - Les infractions aux articles 57,59 et 60 ci-dessus commises par les non-indigènes seront puni d'une amende de 5 à 500 francs et d'un emprisonnement d'un jour à un mois ou de l’une de ces deux peines seulement ».
PAR CES MOTIFS:
Donne défaut contre le contrevenant et le déclare atteint et convaincu de l'infraction ci-dessus spécifiée, et lui faisant application des dits articles de la Convention dont lecture a été donnée,
Le condamne à cent francs d'amende et aux frais.
Ainsi fait jugé et prononcé en audience publique les jour, mois et an que dessus.
Le PRESIDENT p.i,
Le JUGE FRANÇAIS
Le JUGE BRITANNIQUE,
Le GREFFIER p.i,
Pas très malin le cher Leopold. Vendre de l’alcool au domestique du juge.
Enfin un grand merci à l’universite de droit du pacifique aux iles Fidji qui a effectue un grand travail de numérisation et de transcription.