Recherches historiques sur la Villa Marie-Christine (Fabrique Augustin-Normand) au Havre

Bonjour à tous,

 Dans le cadre de mon volontariat en service civique, je mène des recherches historiques sur la Villa Marie-Christine, aujourd'hui connue sous le nom de Fabrique Augustin-Normand, un centre social situé dans le quartier de Bléville, au Havre. Mon objectif principal est de retracer l’histoire de cette maison, notamment à travers les personnes qui y ont vécu ou interagi avec elle, et leur lien avec ce lieu particulier.

 La maison a été un témoin de plusieurs périodes importantes. Elle a d'abord appartenu à la reine Marie-Christine d'Espagne, ce qui lui a valu le surnom de Villa Marie-Christine. Plus tard, elle a été acquise par la famille Augustin-Normand, connue pour ses chantiers navals, et c’est leur nom qui est resté attaché à ce lieu. J’aimerais comprendre plus en détail comment ces familles et d’autres résidents ou propriétaires ont façonné la vie de cette maison et quelle place elle tenait dans leur quotidien.

 Durant la Seconde Guerre mondiale, la maison fut occupée par les forces allemandes, et un blockhaus a même été construit à proximité. Les récits de ceux qui ont vécu près de cette maison pendant cette période, ou qui ont des informations sur son occupation, m'intéressent également.

 Après son abandon dans les années 1980 suite à la mort des propriétaires, la maison a connu une période de dégradation, étant pillée et squattée, ce qui a fait perdre beaucoup d’éléments sur son histoire. Toutefois, en 1988, elle a été réhabilitée en Maison de l’enfance, avant de devenir le centre social que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Fabrique Augustin-Normand, en 2017.

 Je ne suis pas certain d’être dans la bonne section du Forum pour ce type de recherche, et je m’excuse si ce n’est pas le cas. Si vous avez des documents, des souvenirs ou des récits familiaux concernant cette maison, que ce soit à l’époque de la reine Marie-Christine, de la famille Augustin-Normand, ou durant son occupation pendant la Seconde Guerre mondiale, je serais très reconnaissant de vos contributions.

 Ces recherches sont destinées à une exposition en février 2025, avec pour objectif de faire revivre l'histoire de cette maison et de préserver la mémoire d'un lieu qui a abrité des personnes ayant contribué à la grande Histoire. Toute aide pour reconstituer cette histoire sera précieuse.

 Merci d’avance pour votre aide !

 Florian

Bonjour Daniel,

Je vous remercie sincèrement pour ce précieux coup de main ! J'avais déjà trouvé le cadastre de 1870, mais je n'avais pas encore eu la chance de consulter le cadastre napoléonien de 1815. Les révélations sur l’âge de la maison sont vraiment fascinantes. Les informations que vous avez fournies sur la rue Thiers et les listes électorales de 1939 éclairent beaucoup sur l’histoire de la maison avant la Seconde Guerre mondiale.

J’ai également trouvé des actes de naissance des membres de la famille Augustin-Normand nés à Bléville dans les années 1910 et 1920, ce qui enrichit considérablement ma recherche. Vos recommandations et les détails que vous avez partagés sont extrêmement précieux pour reconstituer l’histoire de la Villa Marie-Christine.

Si jamais vous avez d’autres données, suggestions ou contacts qui pourraient m’aider dans cette quête, je serais ravi de les recevoir. Encore un grand merci pour votre aide et votre générosité !

Bien à vous,

Florian

 Bonjour Daniel,

 Je vous remercie vivement pour votre retour. Comme vous l'avez également constaté, les informations concernant une éventuelle appartenance de cette maison à la reine Marie-Christine d'Espagne restent fragmentaires, voire quasiment inexistantes. Néanmoins, plusieurs éléments me portent à croire que cette hypothèse pourrait être fondée.

 Tout d'abord, j’ai pu échanger avec un descendant de la famille Augustin-Normand, qui résidait autrefois à Bléville. Ce contact m’a confirmé que la propriété en question avait appartenu au duc de Riánsares, Agustín Fernando Muñoz y Sánchez (1833-1873), ainsi qu’à son épouse, la reine Marie-Christine Ferdinande de Bourbon-Siciles (1806-1878), princesse royale des Deux-Siciles.

 Je dois avouer que cette information m'a d'abord surpris, n'ayant jamais entendu parler de ce lien auparavant. Pensant initialement à la Villa Mon-Désir, mon interlocuteur a rapidement précisé qu'il s'agissait bien d'une autre propriété, aujourd'hui située au 40 rue Saint-Just (anciennement 19 rue Thiers) à Bléville, là où se situe l'actuelle Fabrique Augustin-Normand. Selon lui, la maison appartenait officiellement au duc de Riánsares, et la reine Marie-Christine y séjournait régulièrement, notamment les dimanches.

 De plus, il m’a informé que la propriété portait déjà le surnom de « Villa Marie-Christine » dès 1907. Il m’a d’ailleurs fourni un article datant de cette année-là, relatant l'acquisition de la maison par Marguerite Boutillier (1856-1952), veuve de Jacques-Augustin Normand (1839-1906), décédé un an plus tôt. L'article, publié lors d'une vente aux enchères, portait le titre suivant : « Vente par suite de licitation. En l’audience des Criées du Tribunal Civil du Havre. Une propriété sise à Bléville, près du Havre, dite "Villa Marie-Christine", mise à prix : 50,000 francs ». À cette époque, la propriété était une ferme.

 Par ailleurs, dans l'ouvrage de Léon Braquehais, Histoire de Bléville (Impr. Lepelletier, Le Havre, 1884), à la page 155, il est mentionné que « pendant la belle saison, la reine Christine se rendait fréquemment à sa propriété de Bléville, qu'elle possédait depuis plusieurs années. Chaque fois, elle visitait l’église de cette commune ». Bien que M. Braquehais ne spécifie pas de quelle propriété il s’agit, il est plausible de penser qu'il faisait allusion à cette maison.

 Comme vous, je suis toutefois surpris du peu de sources disponibles sur ce sujet. Il est en effet étonnant qu’une information de cette importance n’ait pas fait l'objet de plus amples documentations publiques. Sans le précieux témoignage du descendant des Augustin-Normand et la mention, certes imprécise, dans l'ouvrage de M. Braquehais, je n'aurais jamais pu envisager une telle hypothèse.

 Bien à vous,

 Florian.