Parler Normand

Je cherche des informations sur le parler normand, et plus particulièrement cauchois.

Je sais qu'il existe quelques dictionnaires sur les expressions normandes, mais existe-t-il des grammaires, des méthodes d'apprentissage, ou des ouvrages faisant le lien entre écriture et prononciation ?

Si quelqu'un a quelques connaissances sur le sujet, je suis preneur.

http://www.tapadiboujou.com/index.php?page=accueil

il y a a des cours de cauchois, je ne sais pas si tu trouvera ton bonheur mais moi je me suis bien amusé

Eul Pendu

Etait un brave cu’è d’campagne qu’avait la chance d’avé s’n église à ras bord de la forêt. Pis l’matin, comme cha, il aimait bien marcher queuques minutes en lisant sa bible avant de c’mencher sa messe. Pendant çu temps-là, z’z’éfants d’chœur s’préparaient.

Donc, à çu matin-là, y f’sait sa p’tite promenade, tout d’un coup, y leuve z’zyeux, pis qui qu’i veille ? Un paur bonhomme qui était en train d’eus pend’. Son sang fait qu’un tour, y court aussi vite qu’i peut, tout en s’brêlant un ptieu les gambes dans sa soutane, y coupe la logne, pis y dit au paur manant :

« Mon Dieu, Jésus, Marie ! Qui qu’vos alliez oco fé là ?

- Laissez-mè, m’sieu l’cu’è, fallait m’laisser fé, je n’n’ai marre eud la vie ! Ma femme est foutue l’camp, j’ai pus rien, mais rien de rien à fé su c’te terre…

- Allons, allons mon brave, qu’i y dit l’cu’è, écoutez-mè bien ; vos veyez, j’sieus en train d’li’ ma Bible, bié, prenez-là, j’vos en fais cadeau. J’en’n’ai d’aoutes au presbyté ».

Eul paur bougre y répond :

« Vos savez, m’sieu l’cu’è, j’aime pin biaucoup ces bouquins-là !

- A fait rien, prenez-là quand même, pis quand vos èrez l’cafard, ou pour un coup d’bourdon, ouvrez-là à n’importe queu page, j’vos certifie qu’y aura toujou eune phrase pou vous requinquer ! »

Eul paur bonhomme était gué convaincu…

« Pis qu’vos y t’nez, j’eul prends vot’ bouquin ».

V’là not’ gâs parti cheu li, pis l’cu’è à sa messe.

Six mouès s’passent, v’là not’ désespérè qui r’met cha. Y r’tourne à peu près à la même plache, y c’menche à installer san drôle de matériel tout en s’disant :

« A çu coup-là j’vas pin m’louper… »

Y monte à l’équelle, passe la logne autour de san cô, pis y s’dit :

« Après tout, j’risque pin grand’chose à fai’ c’qu’eul cu’è m’avait dit ».

Il ouvre le Bible à n’importe queu page, pis qui qu’i lit ?…

« Accuse-toi de tes fautes, regrette-les et repens-toi ».

Bien, vos m’crairez si vos voulez, mais à çu coup-là, y s’est bien pendu !

Philippe VIMBERT a écrit:

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il y a a des cours de cauchois, je ne sais pas si tu trouvera ton bonheur mais moi je me suis bien amusé

Je connaissais... moi z'aussi, je m'suis bin gaussé, mais c'est assez limité comme cours

Sinon, merci Sophie pour ton histoire... j'ai bien rigolé, même si je voyais arriver la fin gros comme une maison...

Christian LEGUILLON a écrit:

Je pense qu'il y aurait matière à faire un film qui marche !

On l'appelerait : Benv'nu cheu lé Cauchois !

Tu l'as dit Cricri

Pourquoi voulez-vous parler cauchois ? C'est inintelligible.. J'avais un vieux cousin qui parlait comme "cha", je ne comprenais pas un mot de ce qu'il disait !

Edith LEVESQUE a écrit:

Pourquoi voulez-vous parler cauchois ? C'est inintelligible.. J'avais un vieux cousin qui parlait comme "cha", je ne comprenais pas un mot de ce qu'il disait !

J'veux pas parler cauchois, j'veux comprendre un vieux cousin

Accessoirement, quand j'écris mes petites tranches de vie pour mon blog ou des travaux personnels, je me dis que ce serait pas mal si je pouvais faire parler mes personnages comme avant, histoire de faire un peu couleur locale... et puis, la curiosité aussi. J'ai fait beaucoup d'ancien français, j'ai toujours été intéressé par la langue française, et le cauchois, sorte de langage parallèle au nôtre est un vaste sujet d'études, particulièrement intéressant pour qui ne sait pas comment utiliser son temps...

Du coup, je vais peut-être demander à Sarko de faire passer la durée d'une journée de 24 à 30 heures... car j'ai peur de ne pouvoir tout faire avec le temps qui m'est imparti !

La langue cauchoise fait partie du patrimoine du pays de caux, par son contenu, elle nous rappelle qu'elle était la vie de nos aïeux et les formes linguistiques employées.

Je connais des tas de gens (jeunes et moins jeunes) qui parlent encore comme "cha" et j'adore les écouter, ils ont parfois des expressions ou des associations de mots incroyables, c'est souvent très drôle !

Moi ce qui m'éclate c'est quand ma grand-mère, qui ne parle que cauchois au quotidien, essaie de parler normalement. Ca devient du grand n'importe quoi et c'est a mourir de rire.
Ma petite soeur qui a 11 ans de difference avec moi, le parle très bien.
Moi je comprend tout, mais pour parlé c'est plus dur.

L'idiome du peuple en Normandie n'est pas précisément un patois;
c'est de la langue d'ouï mêlée de français corrompu, ou rendu méconnaissable par une prononciation vicieuse.
Il y a quatre variétés différenciées entre elles par des nuances peu appréciables, le bas normand, le cauchois, le haut normand et le purin
Source : Les éditions Errance

Co, les belles-mères
No raconte souvent d's histouères d'belles-mères...Il est bin vrai qu'yen érait point biaucoup qui seyent raimées d'leux bruman et faut bin admette qu'ces pauvres gâs ont bin souvent d's excuses.
Un jou not' garde-champêtre s'prom'nait au bord d'la rivière qui passe au bas d'la commeune et i'trouvit mait'Alcide assis sur l'boran et qui r'gâdait l'iau couler d'vant li.
-- Qui qu'tu fais là,l'Alcide?
-- Tu veis, j'attends ma belle-mère.
-- Mais j'vous creyais fâchés à môt.
--Voui, mais no vient d'm'dire qu'a s'rait tombée à l'iau, en puchant sa l'sive au douit...aussi j'attends d'la veis passer pour êtr'sûr qu'ça seit bin vrai.

C'est cô l'Alcide qui, quèques s'maines apreus, s'ertrouvit au café du village en train d'touiller les dominos aveuc un ami tout en causant du temps qu'i f'sait, comm'tout un chacun. Et l'copain d'dire :
--Eh bin, no peut dire qu'j'avons un biau mouès d'maï, un vrai raide temps poussant apreus l'iau qu'est tombée. Pourvu qu'ça dure un miot et tout va bitôt r'sorti d'terre.
--teis-tei, tu vas m'porter la guigne, ça fait troués s'maines qu'nos a enterré ma belle-mère.

d'après l'encyclopédie du Calvados des Editions Bonneton