Bonsoir
pas de réponse à votre question Jean...
Liliane doit avoir raison
j'ai trouvé ce site :
http://www.lavoute.org/debuter/patronyme.htm
Nos noms de famille apparaissent vers le XIe siècle sous la forme de surnoms. Ils sont un voyage dans le temps que nous fait découvrir Albert Dauzat, le spécialiste en la matière.
Les noms Gaulois, après avoir parfois été romanisés, ont disparu au profit des noms latins pendant la société gallo-romaine, dans l’aristocratie au moins.
Avec les bouleversements des grandes invasions c’est le système germain des Francs (et derrière Burgondes et Wisigoths), à nom unique, qui prévaudra ensuite. Le fait est intéressant : les Francs adopteront la langue des vaincus mais laisseront leurs noms, et une grande partie des patronymes actuels français leur sont imputables.
Les Germains n’avaient qu’un nom unique, forgé sur une métaphore glorieuse qui devait probablement être destinée à appeler la bienveillance divine. On retrouve fréquemment les mots bald (hardi), behrt (brillant), hard (fort), frid (paix), god (dieu), wald (roi, chef), rik (puissant), wulf (loup),…
D’une manière générale, le système onomastique et la mode des noms vient du vainqueur sur le vaincu, de l’aristocratie vers la bourgeoisie puis le peuple, par contagion. Plus tard, le mouvement viendra de la ville vers la campagne.
Ainsi, porter un nom d’origine germanique ne signifie pas forcément que l’on en descend, il peut avoir été adopté par usage. De même, comme des noms germains ont été portés par des saints, le nom peut provenir de ce dernier.
Le nom unique des Germains était-il suffisant pour désigner précisément une personne ? On peut gager que non. Le fait que même les rois étaient affublés de surnoms montre bien la force de cette pratique.
A partir du XIe siècle le surnom est progressivement mentionné dans les actes. D’abord individuel, il mettra encore quelques siècles avant de devenir héréditaire et s’appliquer à la femme et à l’ensemble des descendants d’une famille.
Le patronyme répond à la nécessité de différencier les individus. S’il naît à cette période c’est en raison de la forte progression démographique conjuguée à une érosion du nombre des noms en usage.
Montaigne cite le cas d’un banquet du XIIe siècle où les convives sont invités à se regrouper par noms. Les Guillaume sont plus de 110 !
Le mouvement serait parti des nobles, surtout à partir du nom de leurs fiefs principaux. Géographiquement, l’usage vient d’Italie centrale pour se répandre vers le sud de la France puis le nord. Il pénètre en Allemagne par la région Rhénane pour se diffuser ensuite vers le nord et l’est.
C’est au XVIe siècle avec l’obligation de la tenue des registres paroissiaux (ordonnance de Villers-Cotterets en 1539) que les noms de famille sont définitivement fixés, quoique les généalogistes notent que leur orthographe varie beaucoup selon l’humeur du scribe jusqu’à la fin du XIXe siècle. Il ne faut donc pas trop s’attacher à l’orthographe exacte de son nom, qui avait peu d’importance dans les temps anciens.
Le surnom qui deviendra patronyme (les Anglais ont gardé "surname") est d’abord celui du père (parfois de la mère), du patriarche de la maisonnée. Ensuite les origines peuvent être très variées : lieu d’origine, arbre remarquable de la maisonnée, métier, caractéristique physique ou morale, anecdote marquante, sobriquet.
Il est intéressant de noter que ces sobriquets –parfois peu flatteurs- ont été acceptés par les désignés, c’est dire la force du groupe social par rapport à l’individu qui prévalait alors. Ils nous renseignent aussi sur la malignité populaire, le sens goguenard de la farce de leur mentalité. Ce qui ressort surtout, la chose qui paraît la plus intolérable pour les communautés populaires, ce sont ceux qui se donnent de grands airs. Ceux-là sont frappés d’un surnom moqueur qui les sanctionne comme Beauseigneur, Lenoble, Lepape, etc…
L’étude de toutes les variétés de patronymes dépasse de très loin, bien sûr, ce petit résumé. Arrêtons-nous juste sur l’origine des patronymes comme Leroy, Lévêque, Lecomte, etc… en rapport apparent avec le moyen âge.
Les Leroy descendent probablement d’un roi, oui, … mais pas de France, de la fête ! Vainqueur d’un concours prisé (tir à l’arc, par exemple) ou organisateur de fêtes désigné pour un an. Rappelons la coutume du "reynage" qui consistait à choisir pour un an des responsables de confrérie pour organiser des festivités.
A moins qu’il ne s’agisse encore d’un individu qui se prenne pour le roi ! Dauzat penche plutôt pour le sobriquet que pour la profession dans les cas comme ceux-ci. Ainsi Prévôt peut désigner un homme austère et autoritaire, tout comme l’officier de justice aime paraître. Lévêque, également, peut-être un individu pontifiant ou bien le serviteur d’un évêque ou le paysan qui cultive ses terres.
Baron fait exception car d’autres sens ont été attestés : un homme de guerre ou un chef de famille respecté.
Les forgerons sont à l’origine d’un grand nombre de patronymes sur la base du latin faber comme Fabre, Faure, Faivre, Lefebvre, Febreau, etc… Dans d’autres langues on trouve aussi les Le Goff bretons, les Smiths anglais et les Schmitt de l’est. Ils donneront naissance également aux nombreux Maréchal. Cette abondance montre bien a quel point le métier de forgeron du village a marqué les esprits.
Personnage important de la vie locale, sa forge, d’abord à l'écart des habitations à cause du risque d’incendie et du bruit, inquiète aussi un peu. Le feu qui s’en échappe ne ressemble t’il pas à celui de l’enfer ?
Signalons aussi que les noms très fréquents (comme Lefèvre) ont donné lieu à la disparition des noms communs correspondants et à la création de nouveaux mots (comme forgeron), pour éviter la redondance et l’antinomie dans la vie courante (Lefèvre le fèvre ou Lefèvre le boucher).
Source : Albert Dauzat "Les noms de personnes".
Amicalement
Monique