Bernard
Izabelle est né en 1928 à Manneville la Goupil.
Il est issu d'une famille nombreuse et a toujours été un peu original.
L'aviation, la météorologie le passionnent et rapidement après la deuxième guerre mondiale, il décide de rejoindre la météorologie nationale, et par la même occasion l’aérodrome du Madrillet en banlieue rouennaise.
Pour un passionné d’aviation, cela est inespéré
Il lui arrive de suivre la voie de chemin de fer Rouen-Le Havre, et ainsi de venir raser la cime des arbres et frôler le clocher de l’église de Manneville, berceau de son enfance.
Météorologiste et breveté pilote, son avenir allait basculer sur un culot monstre. Il allait tout simplement rejoindre les Expéditions Polaires Françaises qu'avait fondées Paul Emile Victor et que le Conseil des ministres avait approuvé l'idée le 28 février 1947
Le Président de la République, Vincent Auriol, accorde son Haut Patronage, l'Assemblée Nationale vote les crédits, l'Académie des Sciences établit les programmes de recherche.
En ce 13 Avril 1950, il y a agitation sur le port de Rouen
A 13H15 exactement, notre météorologiste quitte le port de Rouen à bord du Hillevaag
L’Expédition au Groenland 1950 a pour buts principaux d'intensifier les observations scientifiques entreprises au cours des années précédentes et d'évacuer le groupe d'hivernage de la Station Centrale 1949-1950 afin de le remplacer par un nouveau groupe d'hivernants de 9 hommes dont il fait parti.
Plusieurs escales ont lieu au cours de la traversée afin d'effectuer des observations scientifiques, et pour des raisons techniques.
Le 24 mai 1950, après un séjour forcé qui est mis à profit pour divers travaux et des mises au point de matériel, l'expédition repart, à bord du navire norvégien Force, tout son matériel transbordé en vingt-quatre heures.
Elle fait une brève escale à Jakobshavn (Groenland) afin d'embarquer vingt-neuf aides esquimaux. Mais le 28 mai 1950, le navire est arrêté par la glace qui ferme la baie de Quervain, à 5 milles du point de débarquement.
Il est prévu tout d'abord de débarquer le matériel de la relève d'hivernage, trop lourd, trop fragile ou trop encombrant pour être parachuté sur l'Inlandsis.
Cela est un métier de dockers, plus pénible encore avec les attaques incéssantes des moustiques.
La traversée dure un peu plus d’un mois et c’est un convoi de weasels qui serpente sur le plateau avec comme mission de rejoindre les différents camps déjà établis les années précédentes.
Les travaux de remise en état de la Station, entrepris dès le printemps par l’hivernage précédent, sont activement poussés, les observations scientifiques étant jusqu’au 15 août réduites au strict minimum nécessaire à leur continuité.
L’approvisionnement de la Station en matériel largable d'avion, notamment essence et vivres, s’échelonne durant tout l'été en fonction des possibilités de parachutage.
Cela permettra à Bernard néanmoins de fêter ses 22 ans, le 25 juillet 1950 entouré de ses camarades.
22 bougies plantées sur un gâteau de riz.
Mais les hivernants sont informés par un télégramme de Paris que l'avion devant effectuer encore trois vols de ravitaillement pour l'hivernage (comportant notamment 10 000 litres d'essence, un moteur et des pièces de rechange pour le groupe électrogène, un important matériel de radio-sondage, et plusieurs tonnes de vivres) vient de s'écraser, en rentrant d’un voyage au Luxembourg, contre la haute calotte glaciaire du Vatnajökull dans le sud-est de l'Islande. L’équipage, seul à bord, s'est tiré sans dommage sérieux de la catastrophe, mais l'appareil est totalement détruit.
Le ravitaillement aérien devenant ainsi fort problématique, un régime d'austérité est instauré à la Station Centrale où toutes dispositions sont prises pour passer l'hiver.
Pourtant le 20 novembre 1950, un appareil DC4 parti d'Islande est en vue de la Station, le contact radio établi en phonie. Mais, malgré deux heures de recherches ininterrompues, l'avion ne réussit pas à trouver la Station qu'il cherche de différentes altitudes, tandis que la plupart des hivernants demeurent à l'extérieur pour entretenir de grands feux et observer le ciel. Vers 16 h, l'avion interrompt ses recherches pour ne pas compromettre gravement la sécurité de son retour et reprend la direction de l'Islande avec son chargement. L'échec de cette opération, effectuée dans des conditions relativement favorables, cause à juste titre une amère déception chez tous les participants, acteurs et figurants, de près comme de loin et les tentatives pour ravitailler la Station Centrale avant l’hiver sont alors abandonnées. La longue nuit est maintenant installée.
Durant tout l'hiver, la propagation radio restera médiocre, rendant impossible la liaison en phonie prévue pour Noël avec les familles comme l'année précédente.
La fin du mois de janvier 1951 est marquée à la Station Centrale par le retour du soleil. Mais de fortes tempêtes (30 m/s) se succèdent jusqu'à la mi-février. Le 15 mars, la situation devient sérieuse : épuisement du stock d'essence.
Le premier ravitaillement aérien a lieu le 31 mars par des conditions difficiles : température -45°C, la surface de névé est durcie par le vent.
Le 1er mai 1951, sur l'ordre de Paris, un groupe de quatre hommes quitte la Station Centrale
Ce groupe emporte comme essence de route la réserve de sécurité de 1000 litres. Il ne reste plus alors dans les soutes de la Station que 19 jerrycans d'essence et 20 jerrycans de pétrole pour une consommation journalière moyenne d'un jerrycan de chaque carburant. La Station n'a donc plus devant elle qu'une vingtaine de journées d'existence assurée et le personnel restant où l'on retrouve Bernard
Izabelle n'a même plus la possibilité de l’évacuer.
Le 23 août, les préparatifs de départ étant terminés, la Station est fermée.
Dès le 27 août, il est temps de préparer le retour.
Le plus gros des troupes est déjà parti et les quelques hommes restant s’activent sous la direction de Gaston ROUILLON adjoint de P.E. VICTOR.
Bernard écrit justement dans son carnet de bord :
« ...19h00 - Nous partons. Quelle horreur que ces photographes. Il faut voir les hivernants d'une tension nerveuse. Et la vérification de l'arrimage des traîneaux, photographier le camp, se faire filmer en fermant la trappe, alors que ce sont encore les hivernants qui ferment la tour. Heureux que c'est la fin. Je prends le weasel pendant que Masson filme.
Et nous démarrons, dans une neige profonde de 25 cms. Je me trouve le dernier pour le film, quand l'on me réclame à l'avant. Impossible de sortir du sillage. Nous roulons pendant 30 miles jusqu'à 1 heure du matin... »
Le bateau du retour est annoncé, il s’agit du Polar Star.
Les premiers groenlandais rejoignent la colonne et participent aux travaux. La « civilisation » se rapprochent et le courrier aussi. Quelques lettres de France, la famille s’impatiente.
Le 27 septembre le navire appareille et c'est alors le retour vers la France.
Enfin le samedi 13 octobre 1951
05H30 le Havre. Des bateaux Tout près attend le pilote de Seine. La ville illuminée est bientôt vaincue en sa splendeur par un levé de soleil, par le vent déchirant les nuages. La France, la Normandie et sa verdure. Le bateau file à 20 km/h. Bernard est ivre de joie.
Le temps de reprendre pied avec une vie normale et l'appel du grand sud se fera alors entendre.
L'Australie sera la prochaine destination et ses iles subantarctiques.
Heard (1953), Mawson (1957) et l'année géophysique.
Puis le temps de travailler sur le programme Appolo en utilisant ses compétences radio dans les iles de Papouasie.Nouvelle Guinée Australienne.
Depuis plusieurs années, il a posé maintenant son sac dans la banlieue de Melbourne où il coule des jours heureux à ce qu'il m'a dit.
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