Mon arrière grand'père, enfant déposé au tour de l'hôpital d'Ingouville le 7 novembre 1826 se vit attribuer, comme patronyme, le prénom du jour en vigueur à l'époque : Villebrod
En la matière, que j'ai explorée sur le plan juridique, il faut distinguer les règles du Droit Canon et des coutumes en vigueur sous l'ancien régime et celles de l'état civil à partir du décret de l'Assemblée Nationale du 20 septembre 1792.
Sous l'ancien Régime, l'enfant trouvé est présumé un enfant né hors mariage, "né des oeuvres" de parents inconnus.
Comme l'indiquent bien des actes de baptême une réquisition du bailli, donc de l'administration royale, autorisera le prêtre à baptiser l'enfant.
Aucune règle ne prévaut quant à l'attribution d'un patronyme à un enfant trouvé, d'autant que dans les villages les patronymes étaient peu utilisés pour s'interpeller l'un l'autre et très rarement objets d'un écrit puisque la grande majorité des villageois ne savaient ni lire ni écrire ! On se désignait par le prénom, voire par un surnom ou un sobriquet qui, par la force de l'usage pouvait devenir patronyme lui-même !
Il appartenait donc au prêtre de choisir librement un patronyme à l'enfant trouvé et l'usage, si ce n'est la coutume, était de lui attribuer, le prénom (ou la fête) du jour de naissance ou du baptême. Mais ce n'était pas une obligation : ainsi un enfant peut en effet se voir nommé Malo, même un autre jour que celui de la fête de ce saint !
Il en va différemment avec l'institution de l'état civil républicain en 1792. N'oublions pas que l'une des multiples raisons de cette institution nouvelle (dont le clergé est désaisi) est la conscription des soldats dont la République a ou aura besoin. On ne peut plus changer de nom ni de prénom, histoire d'échapper aux obligations militaires ! ( Loi du 6 Fructidor An II ) 23/8/1794, sauf à en demander le changement au gouvernement ( Loi du 11 Germinal An VI = 31/3/1798)
Dés lors, l'attribution d'un patronyme devient une affaire beaucoup plus "sérieuse" et surtout immuable et la responsabilité de l'Officier d'Etat Civil beaucoup plus contraignante. Pour l'enfant trouvé, l'usage de l'attribution du prénom du jour comme patronyme, se poursuit sans être une obligation. Mais n'oublions pas que cette fois-ci le responsable n'est plus un prêtre nommé par l'Evêque, mais un Maire élu ou un agent municipal recruté par lui.. La sanction d'un nom trop révélateur pour les géniteurs anonymes, leur famille ou des tiers pourrait tomber dans l'urne aux prochaines élections !
Donc, plus question de fantaisies ou de noms faisant allusion à l'origine présumée de l'enfant comme le faisaient quelquefois les prêtres. Quoi de plus "neutre" en effet qu'un Calendrier publié au su de chacun, canonique ou républicain ! Sans être une obligation l'usage s'est perpétué ! Il prévaut encore aujourd'hui dans bien des mairies de France, sauf peut-être à veiller à ne plus nommer un enfant trouvé Quasimodo ou Fête Nat